Overlap syndrome et cholangite sclérosante primitive chez l’enfant et l’adolescent: évaluation de la réponse aux antibiotiques et des modifications subséquentes au niveau de la microflore intestinale et du profil des acides biliaires

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Pauline Sambon(1,2), Amandine Everard(3,4), Xavier Stephenne(1,2), Françoise Smets(1,2), Isabelle Scheers(1,2), Mina Komuta(5,6), Giulio G. Muccioli(7), Patrice D. Cani(3,4), Etienne Sokal(1,2) Publié dans la revue de : Novembre 2018 Rubrique(s) : Mémoires de Recherche Clinique
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Résumé de l'article :

Promoteur

Pr Etienne Sokal

Mots-clés

Overlap syndrome, hépatite auto-immune, cholangite sclérosante primitive, cholangite sclérosante auto-immune, antibiotiques oraux, acides biliaires, microbiote intestinal

Article complet :

INTRODUCTION

L’AIH-SC overlap syndrome ou cholangite sclérosante autoimmune (ASC) réfère à la présence simultanée d’une hépatite auto-immune (AIH) et d’une cholangite sclérosante primitive (PSC). En pratique, il est préconisé de traiter la composante PSC par acide ursodésoxycholique (UDCA) et l’AIH par corticostéroïdes (CS) et azathioprine. Le bénéfice des antibiotiques (AB) est de plus en plus reconnu dans la PSC mais reste peu évalué dans l’ASC. Nous avons étudié rétrospectivement la réponse aux AB en tant que traitement initial ou de rattrapage chez des enfants atteints de ASC. Ceux ayant été traités tels que préconisés, dès lors sans AB, constituaient le groupe-contrôle historique. Prospectivement, nous avons analysé le microbiote intestinal et le profil des acides sériques (BAs) avant et après traitement par AB chez des enfants atteints d’ASC ou PSC isolée, et évalué l’existence d’une possible corrélation entre réponse thérapeutique et modifications du microbiote et/ou des BAs.

 

MÉTHODE

Les patients atteints d’ASC ou PSC ont été inclus sur bases biologiques, histologiques et/ou radiologiques. En addition à leur thérapie standard, un traitement par métronidazole (MTZ) ou vancomycine orale (OV) a été instauré pour une durée de 14 jours, soit au moment du diagnostic, soit en rattrapage lors d’une rechute. Dans le cas d’une thérapie initiale, un régime sans CS a été adopté. En rattrapage, les AB n’ont été prescrits que si une rémission biologique n’avait pu être obtenue par traitement classique. Prospectivement, des échantillons de sérum et de selles ont été collectés pré- et post-traitement par MTZ. Afin de déterminer la composition du microbiote intestinal, l’isolement de l’ADN, l’amplification et le séquençage ont été effectués en utilisant l’ARNr 16S bactérien. Les BAs ont été évalués par chromatographie liquide d’ultra-performance couplée à une spectrométrie de masse. La bêta- diversité réfère à la dissimilitude entre 2 échantillons de selles appariés. Les critères étudiés pour évaluer l’efficacité des AB ont été la réduction des enzymes hépatique, l’obtention d’une réponse biologique au long cours et, en cas de thérapie initiale, l’éviction des CS.

 

RÉSULTATS

Rétrospectivement, 11 enfants atteints d’ASC ont été inclus, parmi lesquels 7 ont reçu les AB en tant que thérapie initiale. Tous ont montré une baisse significative de leurs AST (-56%, p=0.006), ALT (-83%, p=0.004) et GGT (-54%, p=0.004). Aucun des 7 patients traités au moment du diagnostic n’a nécessité de recours aux CS et tous ont maintenu leur réponse biologique jusqu’au dernier suivi (351 jours [216-888]). Parmi les 4 autres patients, 2 ont rechuté à l’arrêt des AB tandis que les 2 autres ont montré une réponse biologique au long cours. Comparativement au groupecontrôle historique, les patients ayant reçu des AB ont montré une fréquence statistiquement supérieure de réponse biologique au long cours (p=0.034) et d’éviction des CS (p=0.019) ainsi qu’une diminution du nombre de rechutes (p=0.025) et de la durée de traitement (p=0.0003). Prospectivement, 7 patients (4 ASC, 3 PSC) ont été inclus. Tous ont montré une baisse significative de leurs AST (-55%, p<0.025), ALT (- 56%, p<0.025) et GGT (-41%, p<0.025) après 14 jours de MTZ. Quatre ont maintenu une réponse biologique au long cours jusqu’au dernier suivi (375 jours [119-502]). Parmi ces 4 patients et contrairement aux 3 patients ayant rechuté, 3 ont présenté une modification de la composition de leur microbiote intestinal après traitement par MTZ, tel qu’exprimé par la variation de la bêta-diversité. Ils ont également montré une augmentation de la concentration totale de BAs (+70%), liée majoritairement à un enrichissement en UDCA et ses conjugués.

 

CONCLUSION

Les AB, donnés per os et sur une courte durée, pourraient être un traitement efficace de l’ASC ou la PSC, de par l’obtention d’une réponse biologique au long cours lors d’une antibiothérapie au moment du diagnostic, mais également lors de rechutes chez des patients non-contrôlés par traitement classique. Les AB semblent également impacter la composante AIH des ASC, de par la possible éviction des CS en cas d’antibiothérapie initiale. Nous suggérons également les rôles majeurs du microbiote intestinal et des BAs au vu de l’association entre réponse biologique au long cours et modifications positives du microbiote intestinal et du profil des BAs après traitement par MTZ.

 

AFFILIATIONS

1 Cliniques universitaires St Luc, Service de Gastroentérologie & Hépatologie Pédiatrique, Bruxelles, Belgium
2 Université catholique de Louvain, Service de Gastroentérologie & Hépatologie Pédiatrique, Bruxelles, Belgium
3 Université catholique de Louvain, Louvain Drug Research Institute, Metabolism and Nutrition, Bruxelles, Belgium
4 Université catholique de Louvain, WELBIO, Walloon Excellence in Life sciences and BIOtechnology, Bruxelles, Belgium
5 Cliniques universitaire St Luc, Service d'Anatomie pathologique, Hepato-Biliary- Pancreas pathology, Bruxelles, Belgium
6 Université catholique de Louvain, Service d'Anatomie pathologique, Hepato-Biliary- Pancreas pathology, Bruxelles, Belgium
7 Université catholique de Louvain, Louvain Drug Research Institute, Bioanalysis and Pharmacology of Bioactive Lipids, Bruxelles, Belgium