Le concept d’alignement pédagogique

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Dominique Maillard Publié dans la revue de : Avril 2022 Rubrique(s) : Ama Contacts
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Résumé de l'article :

Que savons-nous au sujet de l’alignement pédagogique ?

Article complet :

Que savons-nous au sujet de l’alignement pédagogique ?

Il s’agit d’un concept-clef en pédagogie universitaire.

Ce concept a été introduit pour la première fois par Biggs (1) pour favoriser la réussite des étudiants.

Pour l’enseignant, il s’agit d’aligner, c’est-à-dire de mettre en cohérence :

1. Le choix d’objectifs d’apprentissage, ou compétences, d’une formation/d’un enseignement, à acquérir par les étudiants,

2. Lors d’activités pédagogiques mises en œuvre par l’enseignant pour leur permettre d’y parvenir,

3. Et dont les acquisitions des étudiants sont validées par des stratégies d’évaluation adaptées aux objectifs et activités.

C’est la triple concordance d’un enseignement.

Pourquoi respecter l’alignement pédagogique ?

Pour l’étudiant, l’alignement pédagogique nécessite la formulation d’objectifs clairs et la réalisation d’une variété d’activités adaptées aux différents apprentissages visés ainsi que des évaluations en adéquation avec ses apprentissages. Cette cohérence lui fait comprendre le sens de ce qu’il apprend et renforce donc sa motivation. La diversité des activités augmente son apprentissage en profondeur.

Pour l’enseignant, l’alignement pédagogique l’amène à produire des situations d’enseignement plus interactives et des évaluations anticipées et objectivées.

Comment mettre en œuvre l’alignement pédagogique ?

1. Définir des objectifs pédagogiques visés dans le cours

Rédigés selon les domaines et niveaux d’apprentissage (2), les objectifs décrivent ce que les étudiants pourront avoir appris/acquis/maîtrisé à la fin de l’enseignement/de la formation.

Trois niveaux sont décrits : 1/ la rétention : après la formation, l’étudiant devrait pouvoir énumérer, répéter, définir … ; 2/ la compréhension : l’étudiant devrait être capable de différencier, catégoriser, choisir, présenter, résoudre … ; 3/ la réflexion : l’étudiant devrait pouvoir analyser, comparer, critiquer, argumenter, questionner, tester… Pour mémoire, la formulation d’un objectif est rédigée en énonçant le sujet sur lequel porte l’apprentissage, un verbe d’action (ce que l’étudiant devrait savoir dire, faire après formation), un contenu d’apprentissage et le délai nécessaire. Le niveau de l’étudiant doit être précisé avec son niveau de performance. L’enseignant devra organiser les contenus du cours ou de la formation en fonction des objectifs en choisissant, les thèmes abordés, ce qui doit être vu prioritairement et les sujets à aborder en profondeur.

2. Choisir les méthodes d’enseignement pour permettre aux étudiants d’atteindre les apprentissages visés

En fonction des apprentissages visés, certaines méthodes s’avèrent plus adaptées que d’autres selon les domaines et les niveaux (3).

Pour le domaine cognitif (ou savoir ou connaissance), où l’enseignant vise la mémorisation, la compréhension ou la réflexion, les méthodes adaptées peuvent être le cours magistral (CM), les Travaux Pratiques (TP) ou les Travaux Dirigés (TD), l’enseignement en petit groupe.

Pour le domaine socio-affectif (ou savoir-être), et selon ce que vise l’enseignant - la réception, la valorisation ou l’adoption - il pourra choisir des CM, ou TD avec discussion, questionnement, recherche bibliographique, travail individuel ou en groupe avec présentation.

Pour le domaine psychomoteur (ou savoir-faire), et selon ce que l’enseignant vise - la perception, la reproduction ou le perfectionnement - les méthodes adaptées peuvent être la démonstration, des exposés avec vidéo, des séances de questions/réponses, des TD/TP avec travail individuel et en groupe.

3. Choisir les méthodes d’évaluation adaptées pour observer le développement des apprentissages visés

Dans le domaine cognitif, et selon le niveau visé (mémorisation, compréhension ou réflexion) l’enseignant pourra utiliser : des QCM, Vrai/Faux, Réponses à compléter, réponses brèves, questions rédactionnelles, travail long et personnel, oral, projet individuel/de groupe.

Pour le domaine socio-affectif, l’enseignant pourra utiliser en plus des méthodes précédentes, les mises en situation (avec échelle de réalisation et graduation du geste observé).

Dans le domaine psychomoteur, l’enseignant pourra utiliser les mises en situation avec check list de comportements à observer et l’évaluation orale.

En conclusion

Ce concept peut paraître élémentaire. Mais un défaut d’alignement peut être à l’origine de difficultés rencontrées par l’enseignant comme des étudiants inactifs/bruyants en cours ou de mauvais résultats lors de l’évaluation.

C’est lors de la préparation du cours que l’enseignant va s’appuyer sur ce concept. L’enseignant donne alors du sens à son enseignement, motive les étudiants et instaure les bases du développement de leurs apprentissages.

Affiliations

Dominique Maillard
Université Sorbonne Paris Cité (Faculté de Médecine Paris Diderot) Maitre de Conférence des Universités (en retraite)

Références

  1. Biggs, J. (1996). Enhancing teaching through constructive aligment. Higher education, 32,3 pp347-364.
  2. Bloom, B. S. Engelhart, M.D., Furst, E.J., Hill, W.H., Krathwohl, D.R. (1956). Taxonomy of educational objectives. Handbook I : Cognitive Domain, New York : McKay.
  3. Rege-Colet, N. et Berthiaume, D. (2013). Comment choisir des méthodes d’évaluation adaptées ? dans Berthiaume D. et Rege-Colet N. (Eds). La pédagogie de l’enseignement supérieur : repères théoriques et pratiques. Tome 1 : Enseigner au supérieur.