INTRODUCTION
Nous disposons de nombreux médicaments efficaces et (généralement) bien tolérés pour la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires. En 2018, l’intervention la plus « rentable » pour diminuer encore l’incidence des maladies cardiovasculaires serait sans doute d’améliorer l’adhérence des patients aux thérapeutiques existantes. Mais voilà, nous y sommes peu formés, les outils de dépistage en routine sont indisponibles ou méconnus et l’adhérence thérapeutique est influencée par des facteurs difficiles à appréhender et plus encore à quantifier pour les praticiens organicistes que nous sommes: motivation insuffisante, vécus difficiles, croyances individuelles et représentations collectives… Sans parler de cette inertie thérapeutique dont le manque d’adhérence n’est parfois que le reflet en miroir, et dont le dépistage suppose une remise en question de nos propres attitudes et convictions.
Le problème de l’adhérence thérapeutique touche aussi à des questions éthiques délicates : en cas d’évaluation de l’adhérence, le patient devrait être informé…mais ceci pourrait modifier son comportement et donc rendre l’évaluation inutile ; qu’en est-il de la confidentialité des informations ainsi obtenues ?; un patient pourrait-il demain se voir refuser la couverture de certains soins en raison d’une adhérence thérapeutique médiocre ? Etc…
Et surtout comment améliorer l’adhérence thérapeutique, en particulier lorsque le patient affirme contre toute évidence prendre consciencieusement son traitement ?
Lors du dernier symposium du GRAPA, ces points ont été abordés par quatre intervenants, avec leur sensibilité et les spécificités propres à leur discipline : lipidologie, diabétologie, rythmologie et hypertension artérielle.
Ces échos du GRAPA comprennent un compte rendu des trois premiers exposés. On y trouvera bien plus que la problématique de l’adhérence, par exemple une réflexion originale sur la polémique contre les statines et les moyens d’y remédier ou encore une synthèse des données nouvelles sur l’importance de la correction des facteurs de risque cardiovasculaires dans la prévention de la fibrillation auriculaire.
Pour des raisons de place, la réflexion sur l’adhérence thérapeutique dans l’hypertension artérielle et singulièrement résistante n’est pas reprise dans ce compte-rendu. Le lecteur intéressé pourra toutefois se référer à deux publications récentes, elles-mêmes pourvues d’une ample bibliographie (1,2).
Nous espérons que ce symposium et les articles qui lui font suite auront contribué à sensibiliser le corps médical à la prise en compte de la dimension de l’adhérence dans les différentes facettes de la prévention et du traitement des maladies cardiovasculaires, et plus généralement des maladies chroniques.
CORRESPONDANCE
Pr. Alexandre Persu
alexandre.persu@uclouvain.be
Cliniques universitaires Saint-Luc
Service de Cardiologie
Avenue Hippocrate 10
B-1200 Bruxelles
RÉFÉRENCES
- Berra E, Azizi M, Capron A, Høieggen A, Rabbia F, Kjeldsen SE, Staessen JA, Wallemacq P, Persu A. Evaluation of Adherence Should Become an Integral Part of Assessment of Patients With Apparently Treatment-Resistant Hypertension. Hypertension. 2016;68:297-306. Ouvrir dans PubMed
- Petit G, Berra E, Georges CMG, Capron A, Huang QF, Lopez-Sublet M, Rabbia F, Staessen JA, Wallemacq P, de Timary P, Persu A. Impact of psychological profile on drug adherence and drug resistance in patients with apparently treatment-resistant hypertension. Blood Press. 2018 Jun 28:1-10. Ouvrir dans PubMed