L’auteur est un neurologue, écrivain et mélomane. Né en Angleterre de parents médecins, il partira après son diplôme, aux États-Unis à New York ou il travaillera dans un hôpital traitant des patients « immobilisés » parétiques après une épidémie d’encéphalite léthargique. Il constate l’effet miraculeux de la musique sur l’akinésie, effet transitoire. Il vivra le grand progrès lié à la L-Dopa. Passionné par la description de cas particuliers, par leurs répercussions sur la vie quotidienne et par leurs bases neuro physiologiques, il en fera son matériel littéraire dans plusieurs ouvrages dont le plus connu est « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau ».
Musicophilia, en 29 courts chapitres, décrit de multiples aspects de la relation entre « la musique, le cerveau et nous », de multiples cas cliniques ou outre l’histoire du patient et parfois son expérience personnelle, il interroge la littérature et l’histoire du trouble décrit.
La première partie du livre (Hanté par la musique ) commence par le cas d’un orthopédiste devenu possédé par la musique et excellent pianiste après avoir été abattu par la foudre. Les chapitres suivants décrivent les crises musicales, formes d’épilepsie temporale, l’épilepsie musicale cad déclenchée par la musique, les « vers auditifs cérébraux : musique répétitive obsédante et les hallucinations musicales.
La deuxième partie traite « Des formes de musicalité différentes ». Outre la description de l’amusie, équivalent musical de l’aphasie, avec entre autre l’amusie cochléaire ou l’oreille imparfaite, celle de musiciens savants (l’un d’entre eux après une méningite dans l’enfance connaissais par cœur 2000 opéras) il traite de l’oreille absolue qui peut identifier jusqu’à 70 notes avec l’exemple d’un enfant qui dit « papa se mouche en sol ».
La troisième partie envisage les rapports entre « Mémoire, mouvement et musique » et détaille les apports de la musicothérapie. Partant du constat que l’homme est le seul primate dont les centres moteur et auditif sont couplés, que le rythme est la combinaison d’un mouvement et d’un son, la musicothérapie, par le chant et par la danse peut réveiller la mémoire chez le dément et débloquer le mouvement chez les parkinsoniens. En outre il est question des doigts fantômes du pianiste manchot et de la dystonie du musicien, athlète des petits muscles.
La dernière partie « Emotion, identité et musique » traite entre autres de la démence fronto-temporale (c’était peut-être le cas de Maurice Ravel) et du syndrome de Williams.
Bref c’est une encyclopédie sur la musique et le cerveau, sous forme d’histoires cliniques racontées, éclairées par des données neurophysiologiques récentes quand il y en a, (Ex- les musiciens ont un corps calleux plus épais et ceux qui ont l’oreille absolue ont un « planum temporale » asymétrique) ou par des hypothèses (Ex- le cortex visuel des aveugles inutilisé est réaffecté à la musique). C’est une exploration passionnante de la richesse (musicale) de notre cerveau.