Le BOOMERANG de Dakar

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Jean-claude Debongnie Publié dans la revue de : Mars 2021 Rubrique(s) : Ama Contacts
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Résumé de l'article :

En 1998, à l’initiative de Paul Mainguet, professeur à l’UCLouvain et de Francis Klotz, médecin colonel militaire français, eurent lieu à Dakar les premières journées Sénégalo-belges de gastro-entérologie.

Article complet :

En 1998, à l’initiative de Paul Mainguet, professeur à l’UCLouvain et de Francis Klotz, médecin colonel militaire français, eurent lieu à Dakar les premières journées Sénégalo-belges de gastro-entérologie. Les sujets, choisis ensemble, étaient traités en binôme. : ainsi le traitement de l’ulcère duodénal était abordé médicalement en Belgique (Helicobacter pylori), chirurgicalement à Dakar, avec les orateurs présentant successivement. Ces journées, élargies ont donné naissance à l’association africaine francophone de formation continue en hépatogastro-entérologie (AAFFCHGE), soutenue par les sociétés scientifiques belges et françaises. Vincent Lamy (ULB-Charleroi) en a longtemps été secrétaire général. Depuis, les journées ont lieu chaque année, alternativement en Afrique du Nord et en région subsaharienne. Les dernières journées en 2019 ont eu lieu à Dakar. Au début, il s’agissait plus d’un enseignement franco-belge vers l’Afrique. Progressivement, c’est devenu un débat interafricain avec un soutien européen.

En 2005, après cinq années de préparation technique et financière, Olivier Lemoine (ULB-Erasme) est parvenu à financer et équiper une unité complète d’endoscopie digestive à l’hôpital universitaire, Le Dantec, à Dakar. Pendant deux ans, un endoscopiste belge et une infirmière passaient une semaine par mois à Dakar pour entraîner les équipes locales aux techniques nouvelles. La formation s’est progressivement espacée. Entre 2005 et 2009, elle a totalisé six mois et a permis d’apprendre l’endoscopie thérapeutique avec des résultats remarquables. Localement, la ligature de varices œsophagiennes a permis de réduire la mortalité de l’hémorragie digestive variqueuse de 30 à 3 %. Régionalement, ce centre d’endoscopie est devenu un centre de référence où d’autres gastro-entérologues africains viennent se former. Et enfin, le BOOMERANG, le retour à l’expéditeur. Il y a quelques années, Marie Gilain, alors assistante en gastro-entérologie aux Cliniques universitaires Saint-Luc a passé quelques semaines à Dakar pour apprendre les ligatures de varices, pratique journalière là-bas, épisodique ici. Et le centre d’expertise poursuit sa route.

Un journal était souhaité depuis longtemps par l’association africaine. Il a vu le jour en 2007 grâce au soutien logistique et financier de Springer Verlag Paris (Zosimo Gandolfo). Le journal paraissait tous les trimestres et ce journal papier était envoyé, gratuitement si nécessaire, aux gastroentérologues de l’association. En 2010, vu les difficultés financières, seule une version en ligne a été assurée. Presque chaque année, lors des journées africaines c’est-à-dire lors du congrès annuel, un atelier de rédaction médicale était assuré au départ par les rédacteurs en chef, F Klotz et J.C. Debongnie, et quelques années plus tard par R Sombié (Ouagadougou). En 2017, l’aventure s’est…. momentanément…. terminée par manque de ressources financières. Entretemps, le journal a permis la publication de 800 articles africains et facilité l’obtention de quelques agrégations.

Trois projets donc qui ont porté des fruits : une association toujours active – un centre d’expertise toujours rayonnant – un journal qui n’a pas survécu. Le BOOMERANG est aussi tout ce que nous avons reçu en retour de nos confrères africains : le courage qu’ils ont eu en retournant travailler dans des conditions difficiles– la volonté de vouloir changer la situation, par exemple en soutenant la vaccination universelle contre l’hépatite B à la naissance (origine du cancer le plus fréquent en Afrique) - et surtout leur immense amitié souriante.