" The keynote of progress in the 20eme century is system and organization, in other words, teamwork". Dr. Charlie Mayo

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Dominique Pestiaux Publié dans la revue de : Avril 2018 Rubrique(s) : Ama Contacts
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Résumé de l'article :

Dans ce numéro, vous trouverez d’abord la deuxième partie de l’histoire de la néphrologie proposée par le Pr Pirson. Richement illustré, ce texte nous permet d’appréhender l’évolution de cette discipline avec l’observation clinique soigneuse des malades au jour le jour, l’intégration de l’analyse d’urines et l’autopsie permettant à l’époque de faire de grands progrès. L’importance de la médecine clinique est soulignée et ne sera jamais démentie, aujourd’hui encore.

Article complet :

L’interview du Professeur Michael Bergman nous rappelle l’importance d’une bonne formation scientifique de base pour pratiquer une médecine qui, selon lui, est « une profession à pratiquer tout autant qu’un processus intellectuel ». L’avènement de l’intelligence artificielle ne sera sans doute pas la fin de cet effort de compréhension du patient pour lequel il souligne l’importance de dépister précocement les individus à haut risque de diabète pour en empêcher le développement. Il rappelle qu’en agissant sur le mode de vie, l’alimentation, le poids et l’activité physique, on peut réduire significativement la survenue de cette maladie aux multiples complications. L’action sur les déterminants de santé est sans doute aujourd’hui encore insuffisante au regard de la médicalisation excessive de nombreuses situations médicales.

La passionnante histoire de l’hôpital le plus prestigieux des Etats-Unis, la Mayo Clinic est édifiante à plus d’un titre et JC. Debongnie souligne entre autre l’importance accordée très tôt à la médecine de groupe, la collaboration interdisciplinaire et interprofessionnelle. Aujourd’hui plus que jamais, elle est encouragée également par le monde politique : en Belgique par le regroupement d’institutions en 25 réseaux hospitaliers prôné par la ministre M. De Block ou en France par l’appel pressant adressé récemment par la ministre française de la santé A. Buzyn à plus de 1000 généralistes réunis en congrès à Paris de pratiquer en équipe de soins coordonnée, associant des infirmiers en pratique avancée, assurant de plus la prise en charge de soins non programmés. Dans le JAMA, un article récent (1) est intitulé « Can small physician practices survive ? Sharing services as path to viability. » La diminution inéluctable du nombre de pratiques individuelles est soulignée au regard des exigences des patients et de la société, l’augmentation des soins chroniques à des populations vieillissantes et la complexification des soins et des tâches connexes. Aux Etats-Unis, entre 1983 et 2014, les pratiques solo ont diminué de 44 à 19%. Pourront-elles survivre dans le futur ? Est-ce que ce sera possible au risque de voir le burn out des médecins pratiquant seuls augmenter encore ? Ne faudra-t-il pas que les facultés de médecine forment les futurs soignants à l’exercice en équipe pluridisciplinaires (interprofessional education, IPE) ? C’est ce que souligne l’article du NEJM cité dans l’histoire de la Mayo Clinic. Les étudiants précisent que ce fut l’expérience la plus importante de leurs études. Former les médecins à de meilleures compétences en travail collaboratif et en communication serait essentiel pour éviter les erreurs médicales. Ce qui nécessite une diminution des cours magistraux afin de disposer du temps nécessaire pour favoriser l’interaction entre étudiants et soignants. Ne faut-il pas également dans ce contexte donner aux médecins une vraie compétence de leadership ?

Au moment où en 2018, l’OMS souligne que la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès aux services de santé dont elle a besoin, l’apprentissage du travail collaboratif serait un moyen, parmi d’autres, de réduire les inégalités en santé et diminuer l’expansion des dépenses de santé notamment en procurant les soins nécessaires à chaque patient par le soignant le mieux adapté à son besoin. La success story de la Mayo Clinic semble bien encourager la communauté médicale à aller dans ce sens.