Discours du Professeur Frédéric Houssiau, Vice-Recteur du Secteur des Sciences de la Santé

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Frédéric Houssiau Publié dans la revue de : Octobre 2021 Rubrique(s) : Ama Contacts
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Résumé de l'article :

Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Monsieur le Ministre Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Mesdames et Messieurs Chers nouvelles et nouveaux diplômé(e)s, Chères désormais consoeurs, chers confrères,

Au nom de l’UCLouvain et de son recteur, le Professeur Vincent Blondel, je vous adresse mes plus chaleureuses félicitations en ce très beau jour qui voit vos efforts officiellement récompensés.

Article complet :

Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Monsieur le Ministre Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Mesdames et Messieurs Chers nouvelles et nouveaux diplômé(e)s, Chères désormais consoeurs, chers confrères,

Au nom de l’UCLouvain et de son recteur, le Professeur Vincent Blondel, je vous adresse mes plus chaleureuses félicitations en ce très beau jour qui voit vos efforts officiellement récompensés.

La Doyenne a très bien rappelé les difficultés nombreuses autant que variées de votre parcours académique. Quand on réalise les étapes que vous avez franchies, on peut résolument croire en l’avenir car vous avez fait preuve d’une capacité d’adaptation hors du commun. C’est un atout pour votre avenir personnel et professionnel. C’est surtout un atout pour le monde de demain. On entend souvent que la génération Z n’est plus « comme avant ». C’est vrai mais moi je dis qu’il ne faut jamais faire « comme avant ». Je dis que les jeunes sont formidables et qu’ils méritent notre admiration, en particulier ceux que nous fêtons cet après-midi. Je suis convaincu qu’ils sont armés pour affronter les défis de demain. Ils ne manquent pas…

Devant vos parents, vos conjoints, vos proches, vos professeurs, la Ministre de l’Enseignement Supérieur Madame Valérie Glatigny et le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Monsieur Pierre-Yves Jeholet, dont je salue la présence avec reconnaissance, vous venez de prononcer un texte particulièrement engageant. Hippocrate l’a écrit il y a 2.400 ans. Certes, la médecine d’Hippocrate n’est pas celle de Vésale, de William Harvey, de Claude Bernard ou, plus près de nous de Christian de Duve mais elle signe un tournant car, avec Hippocrate, la médecine quitte le mystère, l’ésotérisme, la magie et les liens avec le religieux. Quand on entend aujourd’hui la foultitude de propos irrationnels à propos de la pandémie et de la vaccination, qui s’apparentent davantage à des croyances, et sont parfois véhiculés par des soignants, alors que la science et la médecine contribuent remarquablement depuis 18 mois à la lutte contre la pandémie COVID-19, on ne peut que souligner la pertinence de cette référence à une pratique médicale qui repose sur des évidences raisonnables. Certes, l‘exercice de la médecine exige bien d’autres choses qu’un raisonnement scientifique. Il faut de grandes qualités humaines, de l’intelligence émotionnelle, du bon sens, de l’empathie. Ne dit-on pas que la médecine est un art. Mais cet adage ne peut jamais nous faire oublier que la médecine est d’abord une science.

Le serment d’Hippocrate que vous venez de prononcer reste un engagement très contemporain car il a posé, il y a 2.400 ans, les bases de l’éthique médicale, qui est au centre de toutes les décisions difficiles, en néonatologie, en obstétrique, en cancérologie, en gériatrie, aux soins intensifs. Et qu’en sera-t-il demain lorsque, grâce aux technologies « omiques » couplées à l’intelligence artificielle et à la médecine de réseaux, on pourra, peut-être, sur une seule goutte de sang, avec un certain degré de certitude, anticiper la cause de son décès, voire son échéance, ou détecter avec quelques années d’avance, chez des personnes encore en bonne santé, des biomarqueurs d’une maladie neurodégénérative, comme la maladie d’Alzheimer. Ces scénarios n’appartiennent plus à la science-fiction. Plus que jamais, nous aurons besoin de la réflexion éthique pour soutenir les décisions des soignants. En d’autres termes, j’aime à croire que le serment d’Hippocrate ne restera pas qu’un texte récité un jour de promotion mais un véritable engagement éthique tout au long de votre vie professionnelle.

Chères nouvelles et chers nouveaux diplômés, vous appartenez désormais aux alumni de l’UCLouvain. Vous pouvez en être fiers. L’UCLouvain est une vieille université qui fêtera en 2025 son 600ième anniversaire. Elle est classée parmi les 200 premières universités en termes de production scientifique, malgré les faibles moyens accordés à la recherche, très en-deçà de la moyenne européenne. L’UCLouvain décroche 50% des crédits de recherche européens alloués aux universités de la FWB. Elle développe un plan stratégique ambitieux notamment en termes de transition, de développement numérique et de collaborations internationales. Elle vient d’ailleurs de s’allier à 6 autres universités européennes, dont l’Université de Paris, King’s College London, l’Université d’Oslo ou l’Université Humboldt de Berlin, pour développer un espace d’enseignement universitaire européen. Louvain, est non seulement une université européenne mais c’est aussi une institution bien ancrée dans nos différentes régions de la FWB, à Louvain-la-Neuve (une ville créée ex nihilo il y a très exactement 50 ans), à Mons, à Tournai, à Charleroi et bien entendu à Bruxelles, à St-Gilles, qui abrite une partie de la faculté d’architecture, et à Woluwé… L’UCLouvain est très présente à Bruxelles. Réciproquement, l’université à Bruxelles, c’est aussi l’UCLouvain ! Savez-vous que, chaque année, l’UCLouvain diplôme, à Bruxelles, 45% des médecins de la FWB, ce qui explique d’ailleurs les imposantes cohortes présentes ce jour, contribuant ainsi à assurer la relève médicale non seulement à Bruxelles mais dans toute la Wallonie.

     

L’UCLouvain à Bruxelles, c’est aussi un grand hôpital académique, les Cliniques universitaires Saint-Luc, dont les soignants et les chercheurs ont joué un rôle essentiel dans la lutte contre les vagues successives de la pandémie, particulièrement menaçante à Bruxelles. Madame la Ministre Glatigny, qui a les hôpitaux universitaires dans ses attributions, se joindra certainement à moi pour que nous nous souvenions longtemps des applaudissements tous les soirs à 20H00, des images de soins intensifs saturés, de la fatigue mais aussi de la persévérance des soignants, dont vous fûtes. Respect ! Chers consoeurs et confrères, vous avez choisi le plus beau métier du monde…

Ce métier s’inscrit tellement bien dans les valeurs qui animent nos universités : ouverture d’esprit, tolérance, pluralisme, humanisme, esprit d’entreprendre, liberté de recherche et d’enseignement, implication sociétale, préoccupation de ceux que la vie n’a pas épargné. Autant de valeurs essentielles dans un monde où l’individualisme, la peur de l’autre, le repli identitaire, les nationalismes, les extrémismes apparaissent menaçants. Vous qui travaillez dans la santé, qui venez de prêter cet émouvant serment, j’aime à croire que vous resterez toujours les ambassadeurs de ses valeurs. Et que vous resterez donc Louvain !

Je vous adresse encore une fois toutes mes félicitations et tous mes vœux pour une vie professionnelle et personnelle très épanouie.