Attitudes et croyances des soignants belges dans le domaine de la lombalgie

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Amandine Poulain (1), Marijke Leysen (2,3), Nathalie Roussel (2), Anne Berquin (4) Publié dans la revue de : Avril 2018 Rubrique(s) : Médecine physique et réadaptation motrice
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Résumé de l'article :

Contexte : il est connu que les attitudes et croyances des soignants concernant la lombalgie influencent le pronostic de leurs patients. Cependant, aucune information n’est disponible concernant la situation en Belgique.

Méthodes : des questionnaires validés ont été remplis par 98 participants (kinésithérapeutes, ergothérapeutes et infirmières) avant leur participation à une formation sur la lombalgie.

Résultats : les attitudes et croyances biomédicales restent très prévalentes en Belgique, même chez les participants affirmant connaître les guidelines (scores médians aux échelles biomédicale et psychosociale du Pain Attitudes and Beliefs Scale for Physiotherapists et au Health Care Providers’ Pain and Impairment Relationship Scale : 31, 35 et 50 respectivement).

Discussion : cette étude souligne le besoin d’éducation permanente concernant la gestion biopsychosociale de la lombalgie.

Que savons-nous à ce propos ?

De nombreux soignants dans le monde gardent des représentations et croyances biomédicales fortes concernant la lombalgie, ce qui favorise des recommandations inadéquates susceptibles d’influencer négativement l’évolution de leurs patients. Il n’existe pas d’étude analysant les représentations et croyances des soignants en Belgique.

Que nous apporte cet article ?

Cette étude confirme les observations réalisées dans d’autres pays occidentaux : la persistance, malgré un consensus international scientifiquement fondé, de représentations et croyances biomécaniques dont l’impact sur les patients est potentiellement sévère. Ceci souligne les besoins de formation.

Mots-clés

Lombalgie, prévention, drapeaux jaunes

Article complet :

INTRODUCTION

La première recommandation de bonne pratique « moderne » concernant la prise en charge de la lombalgie, élaborée par une Task Force québequoise, a été publiée en 1987 (1). Trente ans plus, tard, le Centre Fédéral d’Expertise Belge (KCE) vient de publier une adaptation au contexte belge de recommandations élaborées en Grande-Bretagne (2). On peut s’étonner – ou se rassurer, selon le point de vue – de constater que les grandes lignes de ces dernières recommandations restent fort proches de celles de 1987 : importance de l’éducation, de la réassurance, promotion de l’activité, place limitée des examens paracliniques (dont l’imagerie) et des approches invasives. Malgré ce consensus largement partagé, fondé sur de nombreuses études cliniques, le recours aux examens paracliniques et aux procédures invasives continue à croître (3). Pire, les douleurs rachidiennes ont le triste privilège d’être restées, de 1990 à 2015, la première cause d’invalidité dans le monde (4).

 

Comment expliquer cette situation ?

Il est connu que l’existence et la diffusion de recommandations de bonne pratique clinique ne suffisent pas à assurer leur mise en œuvre par les soignants (5). Dans le domaine de la lombalgie, un obstacle majeur est probablement le décalage – tant chez les patients que chez les soignants – entre d’une part la persistance de croyances biomécaniques fortes, largement renforcées par les médias, sur les causes et les mécanismes du mal de dos et d’autre part les représentations scientifiques actuelles, qui mettent l’accent sur une vision plus large, biopsychosociale, des lombalgies (6). Ainsi, les dernières recommandations du KCE et de NICE pour la lombalgie commune insistent sur l’autogestion des soins (éducation, activité physique, etc.), la reprise des activités et du travail dès que possible pour tous les patients lombalgiques. Pour ceux ayant un risque modéré de chronicisation, une prise en charge en thérapie physique (mobilisations/manipulations et exercices) est recommandée ; pour ceux à haut risque une prise en charge multidisciplinaire physique et psychique (cognitivo-comportementale) est recommandée également (2). Trois questions ont été soulevées suite à ces nouveaux guidelines (7) : les patients sont-ils prêts, les thérapeutes en sont-ils capables, et le système de soins de santé (l’état) va-t-il favoriser cela ? De nombreux experts, dont ceux qui ont participé aux travaux du KCE sur la lombalgie, soulignent l’importance d’une formation adéquate des professionnels, tant de première que de seconde ligne. La mise en place d’une telle démarche sera facilitée par une meilleure connaissance des représentations, croyances et attitudes actuelles. Il n’existe à notre connaissance pas d’étude spécifique au contexte belge.

Plusieurs questionnaires validés évaluent les représentations et croyances des professionnels de la santé (leurs « connaissances pratiques », l’idée qu’ils se font d’un problème de santé et des traitements à proposer) dans le domaine de la lombalgie. Citons en particulier le Health Care Providers’ Pain and Impairment Relationship Scale ou HC-PAIRS (8) et le Pain Attitudes and Beliefs Scale for Physiotherapists ou PABS-PT (6). Le HC-PAIRS comprend 13 questions, dérivées du questionnaire PAIRS, qui évaluent les représentations et croyances de patients souffrant de douleurs chroniques. Dans la version initiale du questionnaire, quatre dimensions d’attitudes et croyances étaient distinguées. Les études ultérieures ont montré que ces dimensions se recoupaient largement et qu’il n’était pas pertinent de distinguer différents sous-scores (9). Aucun score de référence n’est donné, le score total est d’autant plus élevé que le soignant a des croyances biomécaniques fortes (lien douleur-incapacité, croyance que la douleur signale un danger de blessure, conseil d’évitement des activités quotidiennes, perçues comme dangereuses pour le dos). Le PABS-PT a quant à lui été élaboré en sélectionnant certains items de questionnaires validés évaluant des facteurs comme la kinésiophobie ou la catastrophisation chez les patients, en reformulant les phrases pour les appliquer au vécu de kinésithérapeutes. Il comprend 19 questions. Deux sous-scores sont calculés, correspondant respectivement à une orientation biomédicale et à une orientation comportementale ou biopsychosociale. En complément à ces questionnaires, une vignette clinique a été proposée pour évaluer plus pratiquement les réponses du soignant à une situation concrète, ses « attitudes » (10, 11). Après une courte vignette clinique, quatre questions sont posées, évaluant la manière dont le soignant perçoit la sévérité des symptômes, la probabilité de pathologie lésionnelle, ainsi que ses recommandations en termes d’activités physiques et professionnelles.

Ces questionnaires ont été utilisés dans divers systèmes de soins et ont montré, en général, la persistance de croyances biomécaniques fortes.

L’objectif de notre étude est d’évaluer les représentations et croyances de soignants belges francophones concernant la lombalgie. Ce travail s’inscrit dans une étude plus large, réalisée également dans la partie néerlandophone du pays, dont l’analyse est en cours.

 

MÉTHODES

 

Participants

Les questionnaires ont été remplis par des participants à trois formations sur la lombalgie, données d’une part lors d’une formation continue de 2 jours dans une université francophone belge, d’autre part, lors de séminaires ponctuels d’une journée dans un centre de réadaptation et d’une heure dans un hôpital général. Les participants étaient des kinésithérapeutes, des infirmières, des ergothérapeutes et un orthopédiste. Les questionnaires ont été remplis avant la formation. La formation concernait divers aspects de la douleur, en particulier la lombalgie.

 

Mesures

Pour évaluer les représentations et croyances des soignants, deux échelles d’évaluation ont été utilisées : HC-PAIRS (Health Care Providers’ Pain and Impairment Relationship Scale) et PABS-PT (Pain Attitudes and Beliefs Scale for Physiotherapist). HC-PAIRS (8) comprend treize questions évaluant le lien entre douleur et handicap scorées de 1 à 7 (1 = totalement en désaccord et 7 = totalement en accord). Le score total se situe entre 0 et 90. Plus le résultat est élevé plus la croyance est forte d’une association entre douleur, lésion et handicap fonctionnel. PABS-PT (6, 9) comprend dix-neuf questions qui se divisent en deux scores : biomédical (PABS-PT BM, dix questions) et biopsychosocial (PABS-PT PS, 9 questions). Ces dernières sont scorées de 1 à 6 (1 = totalement en désaccord et 6 = totalement en accord). Le score biomédical se situe entre 0 et 50 et le score biopsychosocial entre 0 et 45.

Une vignette clinique (10, 11) a également été utilisée. Elle décrit la situation d’un homme de 37 ans, en incapacité de travail suite à une lombo-sciatalgie avec protrusion discale, survenue dans le décours d’un accident. Quatre questions à choix multiple évaluent la sévérité des symptômes et de la pathologie sous-jacente, ainsi que les recommandations au niveau de l’activité en général et de l’activité professionnelle en particulier, sur une échelle de 1 à 5. Les réponses 1 ou 2 sont considérées comme étant en accord avec les guidelines, la réponse 3 est neutre et les réponses 4 ou 5 sont en désaccord avec les guidelines.

Les participants ont également rempli un questionnaire concernant leurs données personnelles : âge, sexe, profession (spécialisation ou formation particulière), années d’expérience professionnelle et avec des patients lombalgiques, lieu d’activité et connaissance des guidelines.

 

Éthique

Cette enquête a été approuvée par le Comité d’Ethique de l’Hôpital universitaire de Bruxelles - Vrije Universiteit Brussel. Les participants ont rempli un formulaire de consentement éclairé. Analyse statistique Les résultats des questionnaires étant des données ordinales et non linéaires, des tests statistiques non paramétriques ont été utilisés.

 

RÉSULTATS

 

Données démographiques

Nonante-huit questionnaires ont été analysés au total. Le tableau 1 donne les caractéristiques démographiques des différents groupes de répondants.

Au niveau de l’âge on n’observe pas de distribution normale (moyenne 32 ans et médiane 27 ans), pas de différence entre les hommes et les femmes. L’âge est plus faible pour les kinésithérapeutes (médiane 26) et ergothérapeutes (médiane 31) par rapport aux infirmières (médiane 41) ainsi que pour les participants du cours de formation continue (médiane 25) par rapport aux séminaires ponctuels (médianes 35 et 38 pour l’hôpital général et l’hôpital de réadaptation respectivement).

Concernant l’expérience et la pratique professionnelle, 57% des participants ont moins de six ans d’expérience. Environ un tiers des participants travaillent essentiellement en hospitalier, un tiers en cabinet privé et le tiers restant combine les deux activités.

Les données du tableau 1 suggèrent que les participants peuvent être répartis en deux groupes. Le premier (« groupe A ») comprend les répondants inscrits à la formation continue, qui constituent un groupe homogène de kinésithérapeutes assez jeunes, des deux sexes, déclarant connaître les guidelines. Le second groupe (groupe « B ») comprend les répondants ayant participé à un séminaire unique sur la lombalgie organisé sur leur lieu de travail situé dans un hôpital (deux dernières colonnes du tableau). Ce groupe est hétérogène, il comprend des soignants de divers métiers, plus âgés, dont la connaissance déclarée des guidelines est faible.

 

Questionnaires PABS-PT et HC-PAIRS

Le tableau 2 montre les scores aux questionnaires PABS-PT et HC-PAIRS, ainsi qu’une comparaison avec certaines données de la littérature. Dans la mesure où la plupart des scores n’ont pas une distribution normale, leurs valeurs moyennes et les écarts type ne sont donnés ici qu’à titre indicatif et les tests statistiques utilisés dans l’analyse des résultats sont des tests non paramétriques.

La figure 1 montre que les valeurs médianes obtenues pour l’ensemble des répondants à notre étude sont toutes situées entre les extrêmes relevés dans la littérature. La distribution des valeurs médianes aux différents scores pour les groupes A et B, est montrée figure 2. Le groupe A présente globalement une orientation plus psychosociale et moins biomédicale que le groupe B. Les différences sont statistiquement significatives (Wilcoxon p=0.0013 pour PABS-PT BM, 0.048 pour PABS-PT PS et 0.0005 pour HC-PAIRS), mais relativement petites en valeur absolue.

 

Vignette clinique

Les réponses à la vignette clinique sont données dans le tableau 3. Globalement, les réponses à la question 1, qui évalue la sévérité des symptômes, sont très rarement conformes à ce que préconisent les recommandations de bonne pratique. Les réponses aux trois autres questions (probabilité de pathologie lésionnelle, recommandations en termes d’activités physiques et professionnelles) sont plus partagées, mais le taux de réponses conformes au guidelines est habituellement inférieur à 50%, même auprès des participants du groupe A, dont la majorité déclare connaître les guidelines.

 

Corrélations

On observe une tendance à l’augmentation des scores biomédicaux avec l’âge, statistiquement significative pour les deux scores PABS-PT, le score HC-PAIRS et les questions 2 et 3 de la vignette clinique.

Les comparaisons entre genres montrent des scores biomédicaux plus élevés chez les femmes que chez les hommes (significatif pour PABS-PT BM et HC-PAIRS) ainsi que chez les infirmiers et ergothérapeutes par rapport aux kinésithérapeutes (Tableau 4). Comme précédemment, les différences absolues restent faibles. Ces observations doivent être nuancées par le fait que les femmes ont un âge médian plus élevé que les hommes et que les infirmières sont toutes des femmes. Notre échantillon est malheureusement trop petit pour permettre de distinguer entre un effet genre et un effet métier.

 

Les soignants déclarant connaître les guidelines ont des scores biomédicaux significativement plus bas et des scores psychosociaux plus élevés que ceux qui ne les connaissent pas, les différences absolues sont cependant petites (Tableau 5).

Les analyses de corrélations mutuelles entre les scores et sous-scores des questionnaires, ainsi qu’entre questionnaires et vignettes cliniques vont toutes dans le sens attendu, le détail de l’analyse n’est donc pas montré ici. Globalement, les scores et sous-scores mesurant une tendance biopsychosociale sont intercorrélés. Ils sont inversement corrélés avec les scores et sous-scores mesurant une tendance biomédicale.

 

DISCUSSION

En résumé, cette étude auprès de soignants belges francophones participant à des formations concernant la lombalgie montre l’existence de deux groupes de répondants. Le groupe A est constitué uniquement de kinésithérapeutes relativement jeunes, participant à une formation continue de 2 jours. Le groupe B est plus hétérogène et comprend des kinésithérapeutes, infirmiers et ergothérapeutes de deux hôpitaux, plus âgés, à prédominance féminine. Les kinésithérapeutes du groupe A, qui déclarent en majorité connaître les guidelines, ont des scores biomédicaux plus bas et des scores psychosociaux plus élevés que les membres du groupe B. Les différences, quoique statistiquement significatives, sont relativement faibles en valeur absolue. Les réponses aux vignettes cliniques sont globalement peu conformes aux recommandations de bonne pratique, dans les deux groupes. On observe une tendance à des scores biomédicaux plus élevés chez les femmes que chez les hommes, ainsi que chez les infirmiers et ergothérapeutes par rapport aux kinésithérapeutes, sans pouvoir préciser les contributions respectives du genre et du métier dans ces différences. Les scores aux questionnaires sont corrélés au fait de connaitre (ou non) les guidelines, même si les réponses aux vignettes cliniques restent globalement assez éloignées des recommandations de bonne pratique clinique.

Les scores observés dans notre étude sont comparables avec ceux mentionnés dans la littérature. Par exemple, Bishop et al. (12) observent au PABS-PT un score biomédical à 31 et un score psychosocial à 33, pour une population composée de médecins généralistes et de kinésithérapeutes de première ligne. Dans une population variée de soignants de première et deuxième ligne, le score au HC-PAIRS était 52 (8).

Les auteurs des questionnaires utilisés ici ne fournissent pas de normes correspondant à une valeur « idéale » des scores, qui pourrait indiquer qu’un soignant a des attitudes et croyances adéquates concernant la lombalgie. Cependant, on peut prendre comme point de comparaison les scores obtenus par des soignants après une formation spécifique de type ACT (Acceptance and Commitment Therapy) (13) : 21.9 pour le PABS-PT BM, 40.9 pour le PABS-PT PS et 27.6 pour le HC-PAIRS. Par comparaison avec ces chiffres, les participants à notre étude montrent globalement des tendances biomédicales élevées aux deux questionnaires, même s’ils déclarent connaître les guidelines. Ceci est confirmé par les réponses aux vignettes cliniques.

Or, de nombreuses observations suggèrent que les représentations et croyances des soignants influencent le pronostic de leurs patients. Une étude qualitative réalisée chez des aborigènes australiens a montré l’apparition récente dans cette population de croyances biomédicales, associées à une augmentation du handicap, suite à l’influence des professionnels de la santé (14). Des entretiens semi-structurés chez des personnes souffrant de lombalgie montrent que les discours des soignants ont une influence importante et durable sur leurs représentations et croyances. De plus, ces discours sont habituellement de nature biomédicale (protéger le dos en adaptant certaines postures ou en renforçant certains muscles), laissant croire aux patients que leur dos est vulnérable. Les soignants ayant un discours plus positif sont souvent ambigus (rester actifs tout en protégeant son dos) (15). Des croyances de peur-évitement élevées chez les soignants favorisent des prescriptions de repos, de limitation du travail et une moindre adhérence du soignant aux guidelines (16, 17). Enfin, il existe une corrélation entre les croyances biomédicales des soignants, des recommandations inappropriées de repos prolongé ou d’évitement de certaines activités et une évolution moins favorable des patients (18). Ces observations soulignent l’importance d’une formation adéquate des soignants.

La littérature fournit peu d’information sur les corrélations entre les scores aux questionnaires et les informations démographiques concernant les répondants. Ostelo et al. (6) observent une augmentation des scores PABS-PT BM avec l’âge, comme dans notre étude, alors que d’autres auteurs ne relèvent pas de différence (19, 20). Une étude suggère que les femmes présentent des scores PABS-PT biomédicaux et psychosociaux plus élevés que les hommes (6), cependant aucune différence n’est observée par Houben et al. (19). Concernant le HC-PAIRS, aucune différence selon le genre n’est rapportée par Morris et al. (21). Notre étude observe une tendance vers des scores plus biomédicaux pour les femmes que pour les hommes. Cependant, cette observation doit être nuancée par l’hétérogénéité de notre échantillon et des facteurs confondants pourraient être le type d’activité professionnelle ou le métier des répondants. Le groupe B est constitué essentiellement de femmes, plus âgées, travaillant soit dans un centre de réadaptation soit dans un hôpital général, déclarant en grande majorité ne pas connaitre les guides de bonne pratique clinique. Leur activité hospitalière pourrait influencer une approche plus biomédicale. En revanche, le groupe A comprend des thérapeutes plus jeunes, ayant probablement reçu une formation plus evidence-based que leurs aînés, mieux formés au modèle biopsychosocial et possiblement plus souvent sous statut d’indépendant. À nouveau, notre échantillon est trop petit pour tester en détail les effets respectifs de ces différents facteurs. Remarquons cependant que les différences entre groupes sont relativement petites en valeur absolue.

Cette étude présente plusieurs limites. L’échantillon est relativement petit, ne permettant pas d’étude statistique multivariée détaillée. Un biais d’échantillonnage est très vraisemblable, les participants étant tous des personnes inscrites à un séminaire sur la lombalgie et donc a priori sensibles à cette problématique. Ils ne sont probablement pas représentatifs de la population des soignants en général. Un second biais possible est lié à la présence d’infirmiers dans l’échantillonnage, alors que dans notre pays, les infirmiers sont relativement peu impliqués dans la prise en charge de patients lombalgiques. Cependant, la majorité des infirmiers ayant répondu à la présente enquête travaillent dans des services de réadaptation, dans lesquels des patients lombalgiques sont fréquemment pris en charge. Il nous semble donc utile d’inclure ces infirmiers dans notre étude.

En conclusion, malgré ses limites, cette étude suggère que les représentations, croyances et attitudes des soignants impliqués dans la prise en charge de la lombalgie en Belgique sont encore fort marquées par un raisonnement biomédical, assez éloigné des conceptions contemporaines, biopsychosociales. Ceci souligne les besoins importants de formation. L’enjeu est important, puisque des études montrent qu’une attitude biomédicale est corrélée avec un mauvais respect des guidelines et une moins bonne évolution des patients. Par ailleurs, il serait intéressant de réaliser une étude beaucoup plus large auprès de soignants de première et deuxième ligne (MG et kinés en cabinet), orthopédistes, rhumatologues, médecins MPR et kinésithérapeutes d’hôpitaux généraux.

 

RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Il serait utile que chaque soignant s’interroge sur ses représentations et croyances concernant la lombalgie et qu’il observe ses attitudes face aux patients, avant de confronter ces observations avec une recommandation de bonne pratique récente comme celle du KCE.

 

AFFILIATIONS

1. Service de médecine physique et réadaptation, CHWapi, 9 Av. Delmee, 7500 Tournai.

2. Department of Physiotherapy and Rehabilitation Sciences (REVAKI), Faculty of Medicine and Health Sciences, University of Antwerp, Belgium

3. Pain in Motion (www.paininmotion.be)

4. Service de Médecine Physique et Réadaptation, Cliniques universitaires Saint-Luc, Av. Hippocrate 10/1650, 1200 Bruxelles

 

CORRESPONDANCES

Dr. Amandine Poulain

CHwapi
Service de médecine physique et réadaptation
Av. Delmee 9
B-7500 Tournai
amandine.poulain@chwapi.be

 

RÉFÉRENCES

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